Qui disait jardins, disait forcément plantes et légumes.
De bonne humeur ce matin-là, Ashabie laissa les légumes aux bons soins des jardiniers du castel et se contenta d’aller aider quelques femmes à la culture de plantes, médicinales pour la plupart. Cela rappelait curieusement de bons souvenirs à la donzelle qui avait déjà utilisé quelques onguents alors qu’elle n’avait qu’une vingtaine d’années, lorsqu’elle était infirmière générale dans l’ost lorrain … époque douloureuse de par sa fausse-couche et le manque de soutien étant seule au milieu d’un duché tout juste mit sous la croupe du royaume de France.
Bref, les senteurs étaient particulièrement attirantes et enivrantes, Asha passa donc du bon temps, affichant un léger sourire qui témoignait de sa sérénité. Avait-elle déjà oublié la mort de Tamorin ? Très certainement. Et l’invitation d’Enguerran ? Sûrement. Elle était là pour retourner à des activités manuelles, commençant à se lasser des voyages, et ne se sentant réellement bien qu’ici, avec ses compagnons de la confrérie. Elle savait qu’un jour il lui faudrait retourner en Bourgogne. Irait-elle se chercher un havre de paix différent et ainsi déménager, définitivement ?!
Perdue dans d’éphémères pensées, la dame riait parfois lorsqu’elle entendait les paroles des femmes qui travaillaient avec elle en cet instant. Que de personnes joyeuses, le printemps y était-il pour quelque chose ? Difficile à dire mais le soleil si brillant ne pouvait que jouer sur l’humeur des travailleuses.
Bêcher, arracher, replanter, arroser, etc.
Que d’activités qu’Ashabie se plaisait à faire. Elle n’aurait pas été contre une visite d’un autre membre de la confrérie, mais même sans cela, elle était posée.
Les mains salies par la terre, la quadragénaire les fixa alors. Depuis combien de temps n’avait-elle pas fait cela ? Que ses jambes servaient plus que ses mains ? Trop longtemps sans doute …
Ses genoux commençaient à lui faire ressentir le poids de son corps, pourtant si frêle, mais s’attardant dans une position peu confortable. La donzelle se leva donc un moment et profita de cette magnifique journée pour finalement venir s’asseoir au bord de la fontaine qui faisait l’angle. Observant son reflet dans cette eau claire, elle se trouvait bien changée. Elle pourtant si jolie et ayant la peau si douce … c’était bel et bien terminé, des rides, d’hideuses rides, étaient apparues depuis peu … les années … cruelles !