Un peu d'entraînement pour ne pas perdre la main et progresser, c'était toujours souhaitable. D'ailleurs Enguerran appréciait ces séances à la salle d'armes et y trouvait aussi l'occasion de se défouler. Quand il arriva à l'intérieur de la vaste salle, il parcourut des yeux toutes les armes disposées contre les murs, se demandant laquelle il allait choisir. Comme régulièrement, car il ne souhaitait pas se perfectionner uniquement à l'épée. Chaque arme peut être utile, et surtout cela apprend à avoir une approche plus globale du combat, donc au bout du compte cela permet d'être encore meilleur à l'épée.
Ses yeux s'arrêtant sur les longs bâtons, il réfléchit un instant et décida de prendre l'un d'eux. C'était une arme plutôt classique, d'un certain point de vue, et cela ne lui ferait pas mal de revoir les bases. Il alla en saisir un, puis fit quelques pas vers le milieu de la pièce. L'intérêt d'une arme comme celle-ci n'est évidemment pas de la prendre des deux mains à un bout, comme une épée, mais une main à chaque bout. Une telle arme n'est pas très courante dans la vie d'un chevalier, mais elle permet surtout de bien se familiariser avec l'espace de combat, de bien maîtriser les mouvements du corps , de bien travailler à la fois les bases et les improvisations.
Enguerran enchaîna les coups dans le vide, comme s'il se battait contre un ennemi. Frappant de manière droite ou transversale, donnant un coup sur la tête, dans le ventre, happant une cheville par derrière, bloquant des attaques de l'adversaire, contre-attaquant aussitôt, se servant de ses deux bras comme si leurs mouvements étaient à la fois indépendants et inséparables. Puis il acheva son combat imaginaire, assénant son ennemi de coups dans la figure et le laissant s'effondrer. Avec un petit sourire, il s'estima satisfait et alla remettre son bâton à sa place avant de quitter la salle. Cette séance d'entraînement lui avait fait assez de bien.