Ashabie était retournée dans ses appartements.
Elle croisait de temps en temps les membres de la confrérie, mais c’était tout de même bien rare. Enguerran avait déposé quelques consignes en salle d’armes, mais c’était déprimant de devoir s’entraîner seule et la vieille pie avait donc décidé de cesser toute activité qui aurait pu la confondre avec de véritables chevaliers ou défenseurs de la sécurité.
Elle était lassée, réellement. Non seulement elle ne savait de nouveau plus ce qu’elle faisait dans ce castel, mais en plus de cela elle était incertaine de la place qu’elle tenait dans la société.
Certes, elle faisait de belles rencontres, car lorsqu’elle ne venait pas ici soit disant pour se ressourcer, elle était sur les routes, toujours à la recherche d’une nouvelle ville accueillante.
Refermant donc soigneusement la porte, la dame avait le cœur lourd. Se laissant doucement glisser contre l’ouvrage de bois, son regard scruta la pièce. Soupirant longuement, puis respirant de plus en plus profondément, quelques larmes coulèrent sur ses joues blafardes.
Epuisée, meurtrie, se sentant vieille, elle avait un immense vide à combler, mais ne savait aucunement comment faire pour pallier à ce problème … se frottant doucement le visage, s’en était réellement terminé. Sa vie lui échappait et elle n’avait plus cette force, ni même cette passion qui auraient pu l’aider à se cramponner, à lutter pour toujours relever la tête … trouver un équilibre, c’était plus simple à dire qu’à faire, surtout que même en présence d’amis, elle se sentait profondément seule, et cette solitude la pesait sincèrement.
Fixant quelques objets placés de-ci de-là, elle finit par hurler. Un cri déchirant autant pour exprimer sa douleur que pour expier cette colère qui bouillait en elle.
Des conseils, oui, mais auprès de qui ? Et pour demander quoi ?
Plus les jours passaient, et plus Ashabie s’enfonçait … le chemin de la perdition était tout tracé, et la confrérie étant alors le dernier rempart, commençait à céder …